dimanche 21 juillet 2013

A propos de Gunnm

Gunnm de Yukito Kishiro. Un manga important des années 90 qui a bersé mon adolescence et qui connait aujourd'hui un retour de hype grâce à la fin alternative Last Order. De quoi s'agit-il ?

C'est le futur. Nous sommes à Kuzutetsu, une ville décharge où sont déversés quotidiennement des déchets de Zalem, une ville suspendue au ciel par un mistérieux pillier semblant être prète à s'envoler si elle n'était reliée au sol par un ensemble de tubes permettant son approvisionnement.

C'est dans cet endroit que Daisuke Ido trouve par hasard dans un tas d'immondice les reste d'un cyborg, robot humanoïde au cervaux biologique. Miraculeusement, ce cyborg est toujours en vie. Le hasard faisant terriblement bien les choses, Ido est un cyberchirurgien talentieux et c'est tout naturellement qu'il décide de le remettre sur pied, ou plutôt la remettre sur pied. Ce cyborg est en effet une jeune fille qui, lorsque réanimée par Ido, s'avère être complètement amnésique, au point d'en avoir oublié son propre prénom. Ido lui donne alors un nom, Gally, et par ses soins l'occasion de se reconstruire une vie dans ce monde dévasté qu'est Kuzutetsu.

Ainsi commence Gunnm, une histoire qui sous sa forme initiale s'étendra sur 9 volumes. Malgré un début empli de compassion et de bienveillance, l'existence de Gally ne sera pas de tout repos. Celle-ci ne va en effet pas tarder à éprouver les résurgences de son passé, inscrites au tréfond de son cerveau, le dernier de ses organes biologique : elle a été entrainée pour le combat et détient la maîtrise d'un art martial marsien ancestral, le panzer kunst¹. Mais si cette habilité lui permettra de faire face à la brutalité de Kuzutetsu, repère de la lie de l'humanité cybernétique, elle ne sera pas épargnée par l'absence de de moralité de cet univers. Tout au long du récit, même son propre statut lui posera question. Peut-elle se revendiquer comme appartanant à l'humanité alors qu'elle jouit d'un corps cybernétique lui prodigant ses incroyables aptitudes au combat ? Qu'à-t-elle d'humain, elle qui visiblement possède un passé sombre de guerrier sangunaire gravé dans son âme ?

Cette réflexion sur l'humanité est abordée tout au long de cette épopée hésitant entre le cyberpunk et la distopie post-apocalyptique. Sur cette grille de lecture, les cartes se brouilleront tout au long de l'histoire, busculant nos certitudes. L'humanité se situe-t-elle dans la cher dont est dépouvue Gally ou est-elle une donnée plus abstraite ? Que reste-t-il de l'humanité dans ce monde dénué de moral, où même les motivations des protagonistes nous paraissant initialement les plus droits nous échappe au fur et à mesure que nous les cotoyons². Qu'en est-il des habitants de Zalem, utopia gravée de mystère et suscitant l'envie des rèveurs restés à la surface ? Évidemment, ces errements ne se feront pas sans une bonne dose de combats épiques où le panzer kunst de Gally sera mis à rude épreuve.

La première chose qui ma frappé dans ce manga est le développement des personnages et de leurs ambivalances. En terme de scénario, l'auteur nous révèle progressivement les différentes composantes de son univers : les zones de Kuzutetsu, le Motorball, ce sport déjanté pratiqué par des gladiateurs modernes montés sur rollers, les badlands entourant la décharge, hantés par les troupe révolutionnaires du Barjack et enfin Zalem la cité mystérieuse.

L'autre grande qualité du manga réside dans son graphisme superbe qui m'avait très impressionné à l'époque ; et qui m'impressionne toujours surtout sur les premiers volumes³. Franchement, je ne me lasse pas de me replonger dedans, d'analyser le style en me disant putain, comment il fait ?.

Enfin, ce manga est rempli de références occidentales⁴ que l'initié s'amusera à repérer, que ce soit au cinéma (Blade Runner, Mad Max, Alien / Giger, ou Rollerball) ou à la musique (The Blue Oyster Cult, Motorhead, Iron Maiden, The Alan Parson's ou Yes dont Gally chante une chanson dans le Kansas dans le tome 5).

Quant à la suite Last Order, elle a également beaucoup de qualités mais plus dans le genre shonen. J'en parlerai peut-être une autre fois.

Video Big Generator :

¹ : il faudra expliquer à l'auteur que l'Allemagne, c'est sur terre...

² : il se trouve que Gally est le nom du chat mort d'Ido, je vous laisse réfléchir là-dessus.

³ : les premiers volumes sont dessinés à la main puis l'auteur passe à l'ordinateur. Aujourd'hui, je suis lassé de l'apect ultra léché offert par l'informatique bien utilisée. J'aime bien voir les coups de plumes. Et quand l'auteur ne peut pas tricher !

⁴ : étonnamment, le manga a plus marché du côté de chez nous qu'au Japon.